EPISODE III; I am the master of your whole heap. feat. Jane D' Alteri

Une simple envie de calme, aucune mission, aucune corvée à faire. Tant mieux. Mais malgré cette envie de calme, il n’est pas question que je sois seul. Je ne suis pas vraiment peureux, mais je ne veux pas prendre le risque qu’il m’arrive quelque chose. Donc, comme d’habitude, Jack et Haru étaient aussi de sortie, restant légèrement en retrait derrière moi.
Mes pas me conduisirent sur la plage de la Golden Gates Bay, du sable blanc, de l’eau claire, le bruit des vagues, et pas un chat. L’endroit idéal pour se reposer et profiter de cette fin d’après midi où le soleil brillait encore de ses plus beaux rayons.
Avec mes deux acolytes, je grimpais sur les rochers. Je retirais mon tee-shirt blanc et m’allongeais sur le dos. Jack, lui, s’assied dans un petit coin à l’ombre tandis que Haru grimpa un peu plus haut pour observer les alentours.

Je fermais les yeux pour me reposer, restant tout de même éveillé. Je suis le genre de personne qu’on ne verra pas dormir n’importe où et il faut aussi savoir que ne dort jamais seul, et pas devant n’importe qui. Depuis le virus, seuls Haru et Jack m’ont vu dormir car c’était eux qui se relayaient pour dormir avec moi la nuit.
Lorsque j’entendis des pas non-loin de là, j’ouvris les yeux, me retrouvant instantanément ébloui. Je poussais alors un grognement, agacé. Je me redressais en me frottant les yeux, toujours attentif au bruit de déplacement qui se rapprochait. Lorsqu’il put enfin y voir, il remarqua que c’était Jane.

« - Ah, c’est toi. »

Le jeune demoiselle me confirma que c’était bien elle, évidemment, je l’avais bien remarqué. Elle me sortit un petit remarque comme quoi j’étais assez bronzé comme ça. Je baissais un instant le regard pour regarder mon torse, c’est vrai que ma peau est déjà bien mâte, je n’ai pas vraiment besoin de bronzer. Et comme c’est naturel, je n’ai aucun besoin d’entretenir ce bronzage : ça se fait tout seul !

« - Hey, on s’occupe comme on peut ! Répondit-je.

On pourrait dire que rester coucher sur un rocher au soleil est un peu ennuyeux, mais pas pour moi. Je n’ai pas besoin de grand-chose pour m’occuper, moi. Me détendre un peu me faisait du bien. Seul avec Jack et Haru, je pouvais rester moi-même tout simplement.
Maintenant, Jane était là, je ne me rallongerais pas pour me reposer, c’est certain. Mais sa présence ne me dérange pas, je l’apprécie bien. Elle n’est pas agaçante comme certaines filles de son âge. Elle m’embrassa gentiment sur la joue et je lui rendit sur le front. Jane s’assied à mes côtés en me demandant si Cyrielle va bien.

- Sûrement… Mais je suis sûr que tu vas te faire engueuler quand tu vas rentrer.

Je souris légèrement, Cyrielle passe un peu son temps à crier sur les plus jeunes et bizarrement c’est de Jane qu’elle prend le plus soin. Peut être que, comme moi, elle a vu le potentiel de cette demoiselle. Mais moi ce que j’avais vu, c’est que Cyrielle ne pourra jamais rien obtenir de Jane.

- Oublie la un peu, on va pas parler d’elle alors qu’on est tranquilles. »

Jane me dit que je ferais mieux de me mouiller un peu si je ne voulais pas choper de coup de soleil. J’haussais les épaules, c’est pas le genre de truc que je crains vu que je n’ai jamais attrapé le moindre coup de soleil tout au long de ma vie.

« - T’en fais pas pour ça, je suis plus fort que le soleil pour ça.

Pour Jack et Haru, il faut dire qu’ils n’ont jamais fait preuve de sympathie envers les autres à part moi. Ils avaient quand même accepté un minimum Jane même si c’était pas au point qu’elle en soit leur petite sœur. C’était déjà bien qu’ils l’apprécient un peu car en général, avec eux, tout ceux qui m’approchent sont synonymes de « menace ». Ces deux là me protégeaient tellement que les autres membres du clan finissaient par croire qu’ils n’étaient que deux larbins à mon service.
Jane me dit qu’elle raconterait à Cyrielle qu’elle m’avait suivie et donc, qu’elle n’a jamais été sans surveillance. Puis elle tenterai de lui expliquer qu’elle a parfois besoin d’être seule ainsi qu’elle n’a pas à l’enfermer. Je savais d’avance que ça serait vain, c’est pas le côté « rebelle et contre tout » qui fonctionne pour obtenir ce qu’on veut de Cyrielle. Quant à moi, de mon côté, j’aurais plutôt intérêt à trouver quelque chose pour faire oublier à la chef que je n’aurai pas prévenu que j’emmenais Jane avec moi.

J’entendis du bruit venant d’en bas, je levais alors la tête vers Haru qui était un peu plus haut et qui observait les alentours. Il me fit un signe de la tête pour me prévenir qu’il y avait bel et bien quelqu’un qui s’approchait. Je m’approchais alors du bord et vit alors une fille du clan. Elle m’aimait bien et eu donc un grand sourire en me voyant. De mon côté, je craignais le pire : elle était très jolie, mais atrocement bavarde ! Jane se cacha derrière moi et me dit de dire à sa « nounou » que je ne l’avais pas vue. Sauf que je n’en eu pas le temps : Jane venait de basculer en arrière et donc de sortir de sa cachette.
Le nounou improvisée de Jane sembla alors vraiment soulagée, elle commença donc à parler, mais quand elle commença à parler de Cyrielle, je décrochais complètement et arrêtait de l’écouter. Elle aurait put me dire toutes les énormités du monde, je ne me serais aperçu de rien.

Jane vint s’installer entre mes jambes, je me reculais alors un peu du bord pour qu’elle ne tombe pas dans le vide. On avait tous les deux les jambes ballant au dessus du vide. Je passais mon bras autour de la taille de la petite blonde, la serrant un peu contre moi, la calant contre mon torse, par sécurité. C’était peut être de l’eau en bas, mais bon c’est pas le moment qu’elle tombe ou l’autre va nous faire une crise cardiaque.

- Elle peux pas partir , tu est assez vieux et haut placer pour me surveiller non ? Me demanda Jane à voix basse.
- Traite moi de vieux pendant que t’y es, je fais pas garderie moi.

Je voulais juste la taquiner, je ne disais pas ça méchamment. Elle avait seize ans, elle n’était plus un enfant et n’avait plus besoin d’être tout le temps surveillée, mais Cyrielle voyait ça d’un autre œil bien évidemment. Pauvre Jane. D’ailleurs, en parlant de Jane, la femme en bas ne la regardait pas d’un très bon œil, sûrement parce qu’elle se trouvait contre moi.

- Je m’occupe de Jane, tu peux disposer. Au revoir. 

Et voilà, je ne lui avais laissé aucune chance d’en placer une, elle se trouva alors contrainte de partir sans rien dire comme un cruche, de peur de me déplaire en me tenant tête. Je soupirais doucement, soulagé de ne pas avoir à la supporter plus longtemps.

- Tu me dois un service, Jane.

Elle devait s’y attendre, tout le monde sait que je ne fais rien gratuitement. Je lui avais rendu un service en la débarrassant de ce pot de glue, elle allait donc devoir faire autre chose en échange lorsque je le lui demanderai. Ma décision n’était pas discutable, comme d’habitude. Je relevais la tête vers Haru avec l’intention de le remercier, mais lorsque je le vis, je fronçais les sourcils.

- Mais descend de là crétin ! T’es tout rouge, tu vas attraper une insolation !! »

C’était un ordre, Haru obéit donc sans discuter et vint s’asseoir à l’ombre aux côtés de Jack en observant Jane.

Jane sembla satisfaite de voir sa nounou partir. Elle me répondit également qu’elle me rendrait toujours la pareille. Elle avait plutôt intérêt en fait parce que je suis terriblement rancunier, c’est plus fort que moi. Lorsqu’elle vit le pauvre Haru tout rouge et assoiffé, Jane quitta mes bras et lui amena une bouteille sortit de son sac. Je souris légèrement : malgré tout ce qu’on pourrait dire de Jane, il y a des moments où elle est adorable. Qui pourrait mieux le dire que moi qui la côtoie vraiment souvent ? Haru remercia gentiment la demoiselle de lui donner de l’eau, il me regarda une demi-seconde comme pour demander la permission. Pourtant, il n’a aucun besoin d’avoir ma permission pour boire… Je veux bien admettre que je ne suis pas toujours très gentil et agréable. Que j’envoie souvent les autres chier aussi. Mais je ne l’empêcherai pas de boire de l’eau alors qu’il en a besoin. Et même s’il n’en avait pas besoin en fait… Il n’est pas sous mes ordres au fond, il obéit juste parce qu’il le veut bien.

Jane revint ensuite vers moi et revint se glisser contre moi, entre mes jambes. Je passais à nouveau mes bras autour d’elle, comme précédemment et la serrai légèrement.
Après un instant de silence où je me contentais de regarder l’horizon, Jane décida de prendre la parole. Elle me posa une question : Pourquoi on ne s’aimait pas avec Sandy ? Je me pinçais les lèvres. Cette question ne m’arrangeais pas, j’étais assez embêté en fait. Je restais un moment silencieux, histoire de réfléchir un peu afin de choisir les mots que je devais employer pour ma réponse.

« - C’est pas qu’on se déteste… On a juste du mal à s’attendre, c’est tout. Finis-je par dire d’un air détaché.

En fait, avec Sandy on s’entend relativement bien… Lorsque l’on est seuls, juste tous les deux. Mais c’est vrai qu’en public, j’ai tendance à être hostile envers lui, et comme il m’envoi des piques, j’ai tendance à les lui renvoyer dans la face. On n’est vraiment pas tendres l’un envers l’autre, au regard des autres.

- Pourquoi t’es si curieuse ? »